Schizophrénie
Ces jours-ci, je frémis...
Aujourd'hui, cours d'une heure devant mes 22-2 troisièmes + 1 ins*pecteur, suivi d'un entretien. Commentaire-bilan "pour quelqu'un qui part de rien du tout [ie qui n'est pas allée à l'IU*FM], c'est pas mal". Il faudra que je me contente de ce demi-compliment. Mais, si j'ai bien compris, en me conformant aux instructions officielles et à ses conseils, en laissant mes limaçons apathiques devenir "acteurs" et secréter spontanément des "lec*tures analy*tiques" que je recueillerai précieusement dans une "tra*ce éc*rite" de longueur ultra-réduite, dans quelques années, je serai une bonne prof de col*lège. Ca fait pas rêver ça ?
Demain, présentation de thèse durant 1'30 min devant 500 personnes au cours d'une cérémonie ultra-solennelle et protocolaire. Même si je suis persuadée que 20 personnes au maximum dans la salle m'écouteront, le contexte reste impressionnant et l'exercice exigeant. Réduire 900 pages à 10 lignes...
L'inspecteur me reproche de faire des études de texte trop longues pour le collège ; je lui rétorque que j'ai du mal à changer les habitudes acquises depuis 6 ans et que je n'ai pas vraiment la forme d'esprit (ni l'envie, mais ça je ne le précise pas) adaptée à cet exercice. Il balaie mes objections d'un revers de main en me rappelant que je dois accomplir la tâche qui m'a été confiée par l'Edu*cation Natio*nale.
A quand les "lec*tures analy*tiques" de 1'30 min ? Parce que réduire certains grands textes pour les formater à la "séance" de 55 minutes et aux illuminations des col*légiens, ça pourrait un jour nous mener à ça... Un truc dans le genre de l'Inté*grale de Mozart par He*lios Az*oulay, promoteur de la "musi*que inci*dentale", qui a compressé toutes les compositions de Mozart en un "pon*cif" de moins d'une minute. ..
Je dois quand même tirer un coup de chapeau à mes limaçons. Sans avoir été prévenus, ils se sont révélés des anges lors de l'ins*pection. Même si j'ai appris ensuite que je n'aurais pas dû les interroger pour laisser s'exprimer leur spontanéité, ils ont répondu à mes questions de bonne grâce, ont été plus calmes et silencieux que jamais tout en montrant ce qu'ils savaient, notant sagement et sans rechigner tout ce que j'écrivais, et avec des couleurs s'il vous plaît ! J'ai bien surpris quand même quelques sourires en coin qui trahissaient leur amusement de voir la prof si calme et si mesurée ce jour-là. Sur le moment, je ressentais des bouffées d'amour pour eux. Après cet effort surhumain, ils ont pris la tête de tous mes autres collègues le reste de la journée, mais j'ai trouvé l'attention fort délicate.
Mince, je ne serais pas en train de m'attacher à eux ?