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Kalliope muse ailleurs

21 juillet 2011

Intermèditerranée...

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18 juillet 2011

Une fille à la p(l)age

Cette année, qui est loin d'être encore finie, a vu Kalliope baigner - au moins - ses doigts de pieds (parfois encore dans les chaussures...) aux quatre coins de la France et du monde (disons, euh, deux coins chacun ?), dans l'océan indien, dans l'océan atlantique - les doigts de pied, si !-, dans la mer Egée et la mer Méditerranée (non, ce n'est pas exactement la même...). Et presque dans la Manche (je ne peux pas prétendre le contraire, un esprit farceur me dénoncerait ici).

Cependant comme elle se limite parfois aux doigts de pied, il faut bien trouver à se désennuyer sur sa fouta. Comme ses voisins de fouta ont une réceptivité à ses bavardages limitée, Kalliope quelquefois se tait pour écouter... les mots écrits par les autres. 

S'impose alors le problème du transport : dans les valises, dans les soutes des avions low-cost ou des cars qui traversent l'Europe, la place est - comme la réceptivité de ses voisins - limitée, alors même que la capacité de K. à voyager par les mots est, elle, quasi-illimitée. Parce qu'elle est fille de libraire et voue donc un culte à l'objet livre - sans la moindre sensibilité bibliophile -, Kalliope se refuse à passer aux livres électroniques et préfère emporter et ramener plusieurs ouvrages qu'elle caressera ensuite - des yeux - dans sa bibliothèque, en souvenir des plaisirs passés (avant d'éprouver beaucoup moins d'affection en ployant sous les cartons du prochain déménagement, certes...). Comment résoudre alors le dilemme du poids des mots ?

C'est sa libraire de Toulon (Le carré des mots, un bonheur de lecteur !) qui lui a fait découvrir une collection révolutionnaire. Elle propose des romans au format d'un livre électronique : petits, légers, compacts, les opuscules des éditions .2 séduiront forcément les inconditionnels du livre qui sont aussi des nomades impénitents. Papier bible, lecture de l'ouvrage en verticale, calligraphie au format poche mais marges réduites au maximum, le confort de la lecture est intégralement conservé. 

Allez ici pour en voir la démonstration sur l'excellent Des vents contraires, par Olivier Adam. J'adore cette vidéo parodique qui montre qu'on peut faire du nouveau avec de l'ancien !

Et puisqu'il faut bien qu'il y ait un mini-hic - et non un maxi-hoquet -, il faut convenir que leur mini-format dépare un peu dans la bibliothèque. Le seul remède ? En acheter beaucoup pour s'en faire un rayonnage harmonieux !

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8 juillet 2011

Non, je me Fous pas de Ta poire...

Il n'était  que trop temps de venir dépoussiérer mon coin de toile, d'en écarter les toiles d'araignée et d'aérer grand la pièce pour en chasser l'odeur de renfermé... Pourquoi ? Tout simplement parce que j'en ai de nouveau envie... Oui, de nouveau, le clavier me démange, tout comme l'envie de partager avec vous ce qui me frappe, me trouble, me plaît, me galvanise, me fait rêver ou bouger. Des livres, des lieux, des gens, des tendances, des modes, voilà ce que je me propose d'évoquer dans mes lignes et de convoquer sur votre écran.

Avant de réouvrir la pièce une fille à la page, je vous propose une séquence une fille à la plage, sur l'espace de quelques posts,

> puisque c'est l'été,

> puisque je vis aujourd'hui sur les bords de la Méditerranée,

> puisque l'année 2011 a été placée sous le signe des flots bleus, et, plus particulièrement, des îles, proches ou éloignées,

> et, enfin, parce que les profs emploient toujours un jargon compliqué, à base de "séquences" et de "séances", qu'ils font savamment alterner.

Première séance de la séquence, donc, la découverte révolutionnaire de l'été pour Kalliope : la FOUTA.

La découverte vous paraîtra peut-être tardive, typique d'une provinciale, quoique je ne l'ai vue citer qu'une fois dans Elle.

Parenthèse 1 : j'ai parlé pendant 10 jours d'un fouta, avant de découvrir dans le magazine trendy sus-cité, que le terme était féminin.

Parenthèse 2 : certes, le nom est ridicule, qu'il soit de genre masculin ou féminin, mais le concept remporte un franc succès, malgré ce désavantage, ce qui est de bon augure.

La FOUTA, donc, kézako ? Eh bien, pensez à votre valise de vacances d'été - si vous en prenez... Sur le papier, vous commencez toujours par vous dire qu'une valise cabine suffira : c'est vrai, trois robes légères, deux maillots de bain, un short et deux tops, emballez, c'est pesé et hop...... 20 kilos et la valise impossible à fermer ! Mais comment est-ce possible ? Parce qu'en outre des articles mentionnés, il faudra ajouter les tubes de crème solaire (visage & corps), de crème après-solaire pour réparer les coups de soleil que n'a pas su éviter la crème solaire, crème répulsive contre les moustiques, crème apaisante contre les piqûres de moustiques qui s'en fichent du répulsif, crème réparatrice pour le cheveux, chapeau, paréo, palmes, masque, tuba, tongs pour la plage, chaussures plus habillées pour le soir, quelques vêtements pour parer le mauvais temps éventuel - geste apotropaïque, si vous ne mettez rien de chaud, forcément il pleuvra-, appareil photo, téléphone portable, ipod et les vingt-cinq chargeurs qui vont avec, livres à lire sur la plage etc etc etc...

Bref, quand tout cela a été bouclé, calé, serré dans la valise qui n'est déjà plus une valise cabine, vous réalisez qu'il manque encore... la serviette de plage ! Un choix cornélien s'impose alors à vous :

> prendre une serviette éponge traditionnelle, forcément épaisse, que vous choisirez donc de dimensions réduites - étroite et courte, donc. Vous en dépasserez côté pieds ou tête, à votre guise ; elle sera vraisemblablement en outre kitsch - oh le beau dauphin !- à part si elle est unie, et, au bout de 5 minutes, pleine de sable et de saletés accrochées à ses bouclettes, que vous transporterez joyeusement dans vos valises, sacs et même dans votre appartement au retour.

> prendre une serviette microfibres, toute fine donc peu agréable pour s'y allonger, également de dimensions réduites, généralement unie et sans joie (cette dernière réflexion étant toute personnelle).

jusqu'à ce que vous découvriez... la FOUTA !

La Fouta, donc, alias le drap de hammam, est un drap de pur coton, généralement décoré avec sobriété et élégance, aux vastes dimensions mais, qui, une fois plié, est beaucoup moins épais qu'une serviette éponge.

Les avantages ?

> essentiellement, le faible encombrement par rapport à l'espace occupé. La Fouta est même assez vaste pour accueillir deux personnes, si elles acceptent de se serrer un peu ; de toute façon, me chuchote-t-on dans l'oreillette, comme son nom l'indique, la fouta est une invitation à... Non mais dites-moi, qu'est-ce que c'est que ces grossièretés ?

> en second, l'élégance de l'objet.

> en troisième, le fait que le sable et les scories de la plage n'adhèrent pas au coton. Une fois secouée, la fouta est propre et ne rapporte pas plein de sable dans la valise - il y en a déjà assez sur le maillot mouillé.

Les inconvénients ? il faut bien être honnête, et je ne suis pas sponsorisée non plus !

> pour commencer, la fouta, me dit-on dans l'oreille, n'essuie pas très bien, ce qui poserait problème sur les plages du nord. Comme Kalliope ne l'a pas testée sur ces plages-là encore, elle l'ignore. Cependant, si je puis me permettre, il fait généralement tellement mauvais & froid dans le nord que, là-haut, on a moins besoin d'un drap de bain que d'une écharpe, rôle qu'une fouta remplira bien mieux qu'une serviette classique (et toc !).

> la fouta est légère, et s'envole donc plus facilement qu'une serviette ; une paire de tongs, la crème solaire et le sac de plage  aux 4 coins (oui, je suis forte en calcul mental et en géométrie dans l'espace, comme tu le noteras, cher lecteur... tu n'as qu'à dissocier la paire de tongs et porter des tongs lourdes...) et le problème sera résolu.

Que dire encore pour toucher ton coeur, bien-aimé lecteur ?

Je me contenterai d'une image pour vous faire rêver de sable chaud...

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et d'un lien- qui date de 2009, c'est vous dire si la tendance a eu le temps d'être approuvée...

 

 

 

 

 

PS1 : en plus, à T*** on peut les faire broder et personnaliser...

PS2 : rappel ; un blog est censé être interactif, il n'a pas de raison d'être sans lecteurs/commentateurs... sinon, ça s'appelle un journal intime, sur un petit carnet kitsch fermé par un cadenas. 

15 mai 2010

Dans l'à peine ombre des cerisiers en fleurs

Laura Veirs, Rapture.

Anthologie d'une échappée belle dans l'empire du chrysanthème.

Si les mois d'été sur l'archipel sont, paraît-il, à la fois torrides et humides, le printemps, en revanche, serait le moment idéal, nous avait-on prévenues : climat tempéré et, surtout, saison de la floraison des cerisiers du Japon... Quelques clics sur internet et nous étions prêtes à aller nous faire une idée. 

Dès le trajet de l'aéroport de Narita à Tokyo, alors qu'après un brin de conversation avec notre voisine de siège, nous nous enfoncions dans la douce léthargie du voyageur jet-lagué qui n'aspire qu'à découvrir, au milieu de ce monde étranger, un lit sur lequel se coucher, plusieurs exclamations et une agitation frénétique à notre intention nous arrachèrent à notre torpeur : "sakura*, sakura". A travers les vitres - propres - du train, au milieu d'une banlieue rendue plus grise encore par le ciel maussade qui nous accueillait, deux arbrisseaux formaient un halo rose tendre : nos premiers cerisiers.

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Plutôt qu'en un récit fastidieux, c'est donc par brassées, ou plutôt en bouquets, puisque nous étions au pays de l'ikebana*, que je vais essayer de nouer souvenirs & découvertes pour vous donner une idée de notre périple, même si je ne ferais qu'effleurer le sujet. C'est ainsi que là-bas, nous avons croisé :

> des fleurs d'orage et des fleurs de bourrasques - qui faisaient préférer à l'ombre inexistante des cerisiers celle de la capuc(h)ine, ou du parapluie transparent, customisé par les pétales de cerisier.DSCN7023

Les "tourne(toi vers le)sol(eil)" firent néanmoins quelques apparitions.

> des fleurs de "lis... le plan sans oublier qu'ils ont peut-être mis le nord au sud (ou à l'est...)"

> des "oh, tiens ça" (guide/dépliant/parapluie/lunettes) pendant que je photographie/cherche à repérer les pièces de 100 yens/goûte un étrange thé ou une bizarre confiserie

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> des narcisses : "tu me prends en photo en yukata* ?"

> aucun souci, qui aurait déparé la composition

>  des forget-me-not à l'eau de rose adressés à la France

> des p'tits moines jouant les Amphitryons 

> des sabots de Vénus et autres baskets abandonnés à l'entrée des édifices pour circuler pieds nus ou en chaussettes,

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> d'iris-istibles attractions vers nos futons au retour des balades - ou sous la table qui réchauffe les pieds.

> des corbeilles d'argent où jeter les pièces de 100 yens enfin identifiées pour formuler nos voeux et sonner la cloche

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> des boutons d'or éclos devant des lacs étales


> bref, mille perles du Japon qui, je l'espère, ne furent pas jetées aux cochons...

 

 

Car, fort bien accueillies dans les hôtels/ryokans*/minshuku*/shukubo*, nous fûmes aussi

recueillies dans les temples shintos ou bouddhistes qui fleuraient l'encens,

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épanouies sur nos vélos

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puis les pieds dans l'eau du Pacifique

 

et souvent endormies dans le calme absolu des bus, métros, funiculaires ou Shinkansen* japonais.

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Les ruches urbaines peuvent bien bourdonner de l'agitation de ces milliers d'abeilles méticuleuses, rien ne semble pouvoir troubler la sérénité silencieuse et l'organisation sans faille qui règnent dans le pays du zen . C'est finalement autour des célèbres jardins zens, élaborés pour inviter à la méditation,

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que le poids de la foule s'est fait ressentir, celle des touristes qui, avec la même application industrieuse que les Japonais, parcourent un à un les "à ne pas manquer" du guide. Le visage apaisé du bouddha à Kamakura invite cependant à des contemplations vertigineuses autour de soi & en soi-même.

 

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Les abeilles japonaises aussi aiment parfois à se délasser : au coeur de leurs méagolopoles traversées par des voies expresses, elles rejoignent les jardins pour y "cueillir le jour", selon le précepte horatien, en compagnie des daims sacrés à Nara, ou sous les cerisiers à Tokyo.

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Elles n'y arracheront sans doute que quelques heures, mais, si les dieux sont avec elles, le vent se lèvera et, soufflant sur les fleurs, secouant les branches, il parsèmera cheveux et vêtements de pétales rosés, blancs, fuchsia, ou mauve tendre - car les nuances en sont innombrables - leur arrachant un long soupir d'extase. 

 

Les touristes se mêlent aux Japonais, nez au vent, flânant parmi les allées ensoleillées du parc de Ueno,

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ou bravant la pluie le long de celle des philosophes à Kyoto, sans que les intempéries ne parviennent à altérer la beauté du paysage. L'averse fait tomber les pétales qui tapissent les rues, les transforment en parterre, et font de leurs déambulations savantes des divagations princières.

 

 

Les princesses sont d'ailleurs nombreuses là-bas,

les Cendrillon d'opérette

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pomponnées parfois jusqu'au ridicule, mais qui reste kawaï* quand elles sont adolescentes, 

 

 

 

 

les maikos* mêlant la dignité à la grâce dans les petits pas que leur imposent leurs jambes entravées par le kimono,

les belles plantes de la rue, enfin, qui, grâce à une prédilection évidente pour les tenues hyper-féminines, révèlent de superbes tiges, allongées par des talons hauts, sublimées par la corolle des jupes évasées et souvent gainées dans des chaussettes montant au-delà du genou (entraînant aussi vers le haut la lisière de la jupe...).

Pour autant, nulle invitation voyante, de la part de leurs homologues masculins, à conter fleurette. Les regards ne se croisent pas, l'érotisme est étroitement encadré dans les images du monde flottant, les estampes. On peut à la rigueur se tenir par la main, échanger, dans ce cas-là seulement, de timides oeillades énamourées, mais pas de baiser en public ; le port ultra-fréquent du masque de protection n'y encourage guère au demeurant.Dans leur tenue sportswear, qui faisaient pâle figure à côté des looks pointus des Japonaises, nos deux touristes ont moins été tentées que jamais d'effeuiller la marguerite, préférant feuilleter le guide vert. 

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Il fallait bien ça pour ne pas nous perdre dans la jungle des rues sans nom, dans la forêt opaque des signes en kanji,

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ou dans les entrelacs compliqués d'une conversation en non fluent english. Ca et, parfois, l'aide de Japonais bourrus, mais généreux et efficaces, généralement âgés, qui prenaient pitié de nos grands yeux perplexes devant l'insondable luxuriance des ramifications du métro tokyoïte. En guise de remerciements, de simples courbettes, et parfois, ultime sacrifice aux coutumes étranges de ces occidentaux, des mains effleurées.

 

Nul besoin d'entrer dans la fine fleur des restaurants pour connaître de savoureuses expériences : il y eut de rares ratés, qui ne donnèrent que plus de prix aux sushis & makis extraordinaires,

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au soja sous toutes ses formes, au thé partout présent, aux daifukus* aux azukis*, à l'inoubliable kaiseki* végétarien dégusté au mont Koya ou aux succulentes nouilles udon* ou soba*.

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Heureusement, il reste encore des mystères à déflorer pour un prochain voyage : le musée de Kyoto, un on-sen* japonais, le mont Fuji, l'île de Shikoku & la mer intérieure, un véritable ryokan, Nikko et les environs, les sashimis au petit déjeuner.

Enfin, en guise de bouquet final, un volcan islandais qui s'éveille et deux jours de vacances en plus à Copenhague.

Au retour, il faut bien se remettre à cultiver notre jardin, la mine grise. Même si, entre-temps, la glycine, le jasmin et le chèvrefeuille se sont épanouis et parfument les rues de Toulon, affleurent encore, dans mes souvenirs, quelques pétales de nostalgie du Japon...

la cueillaison d'un rêve au coeur qui l'a cueilli (Mallarmé). 

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Glossaire.

sakura : fleur de cerisier. ikebana : art de la composition florale. yukata : peignoir léger à porter après le bain, mis à disposition des voyageurs dans la plupart des hôtels. ryokan : auberge traditionnelle japonaise. minshuku : chambre chez l'habitant. shukubo : hébergement en temple. Shinkansen : train rapide japonais. maïko : apprentie geisha. kawaï : mignon. udon/soba : pâtes de blé/sarrasin consommées souvent dans un bouillon. daifuku : pâtisserie japonaise à la farine de riz et fourrée à la purée d'azukis, haricots rouges sucrés. kaiseki : repas traditionnel japonais, composé d'une multitude de petits plats. on-sen : bain japonais, souvent alimenté par une source thermale. 

 

25 mars 2010

Sauvetage Niais des Couples Fragiles

la SNCF qui en ce moment pourrait se rebaptiser SFCN "Sauvetage Foireux des Couples Naissants" ou NSCF "Négoce du Sauvetage des Couples Fidèles" a axé sa dernière campagne de publicité radiophonique, que j'entends passer une vingtaine de fois par jour, sur les nouveaux couples. J'emploie "nouveaux" aux deux sens du terme, puisque cette campagne évoque les couples qui débutent et ceux d'un genre inédit, les couples-longue-distance, les turbots-couples ou les "amants TGV" pour reprendre une formule dont le sens a été longuement discuté autour des pique-niques à la BNF avec O***, spécialiste des mots composés. 

La première fois que j'ai entendu cette publicité - que malheureusement je n'arrive pas à débusquer sur le net -, je l'ai trouvée attendrissante. J'ai pensé aux baisers échangés sur les quais de gare, aux adolescentes aux yeux rougis, aux mouchoirs agités depuis la fenêtre - quand les fenêtres s'ouvraient, du moins -, aux sourires de retrouvailles, aux coiffures et aux maquillages rectifiés juste avant l'arrivée...

Et puis je l'ai entendue 30 fois. Et tout d'un coup, j'ai commencé à haïr cette version mercantile et niaise d'une réalité commune et qui a déjà tendance à entraîner des comportements grégaires : y a-t-il en effet, si l'on y regarde bien, comportement plus conformiste que celui des amoureux sur un quai de gare ? - à part les amoureux de prépa, qui remportent la palme haut la main, mais que leur timidité de débutants peut encore excuser. 

Au fur et à mesure de sa répétition, j'ai eu l'occasion de la scruter et sa pauvreté m'a exaspérée. Rencontre du jeune couple; "Chloé est douce, Chloé est belle : "Chloé", un prénom donné dans tous les milieux sociaux, mais quand même plutôt CSP++, c'est l'idéal féminin moderne, une jolie et fragile petite chose. Ca suffit à vous souder un couple. Pourtant "Chloé" a un grave défaut, elle habite "vraiment loin", c'est-à-dire, comme elle le claironne d'une voix mécanique à vous donner la chair de poule : "Avignon". Accessoirement, Chloé est un exemple parfait de "Français moyen" parce qu'elle dit "à Avignon", alors qu'elle devrait dire "en Avignon" : Chloé ne doit pas parler un français trop châtié pour permettre une identification minimale. "Quoi, Avignon ?", répond aussitôt "Stéphane" à la fois désespéré et ulcéré (ulcéré qu'elle ose habiter "loin", j'imagine...). "Avignon" est donc par excellence la ville éloignée - mais quand même attractive et chic, n'est-ce pas, ce n'est pas non plus Vesoul !- Eloignée de quoi ? pas de Carpentras, de Marseille, d'Aix-en-Provence, de Montélimar ou même de Lyon, mais elle est loin de Paris, implicitement évoquée, qui est, naturellement, le centre de la France.

"Heureusement", la SNCF est là pour sauver les amoureux : au mois de mai (dans l'hypothèse de la SNCF, ils se sont rencontrés au mois de mars), soit deux mois après leur rencontre, et seulement s'ils achètent leurs billets avant le 31 mars - ils ont intérêt à être patients et sûrs d'eux, les amoureux -, ils auront la chance de payer moins cher leur Paris-Avignon, et leur idylle naissante pourra éclore sous le regard ému et protecteur des tarifs modérés de printemps. Durant l'été qui suivra, elle pourra s'épanouir et même s'embraser en même temps que les tarifs -100 euros l'aller en seconde - si la flamme de l'amour ne se transforme pas en brasier colérique, contre la SNCF elle-même, contre la distance, et contre l'autre qui habite à l'autre bout de la France. Mais quand on aime, normalement, on ne compte pas, ni les kilomètres, ni les heures, ni les euros.

En revanche, si les malheureux ont décidé d'habiter "loin" mais dans deux villes qui ne sont pas le centre de la France, par exemple Limoges et Mulhouse, qu'ils s'appellent Mégane et Kevin et qu'ils se rencontrent au mois de juillet, c'est mal parti pour eux, car la SNCF ne pourra pas venir les sauver. La SNCF oublie donc volontairement les tarifs prohibitifs le reste de l'année, les lignes compliquées, les TER/TEOZ à l'allure de tortue et les retards incalculables qui dévoreront les heures comptées du we amoureux et feront manquer le bus au retour parce que le train est arrivé trop tard, vous laissant devant l'alternative marche à pied/taxi, la plus efficace des douches froides après le feu de la passion. 

Vous l'aurez compris, la SNCF qui se présente en fée des amours débutantes pour vous pousser à acheter ses prems, qui fait rêver le chaland avec une femme "belle" et "douce", en réalité femme-sandwich pour des tarifs alléchants, ça m'insupporte. Pourquoi pas une carte "couple séparé" obtenue "certificats d'amour contrarié" à l'appui ? La réalité, celle de la majorité des voyageurs qui prennent le train pour des raisons certes moins romantiques, mais tout aussi pratiques, est moins "bankable" sans doute, mais je la préférerais encore à une SNCF qui se veut chevaleresque, et qui n'est que mièvre et hypocrite.

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26 janvier 2010

Souquez ferme, moussaillons... l'île d'utopie est encore à quelques encablures.

Episode 2, suite au message précédent, grâce à une anecdote survenue samedi, pendant une surveillance de devoir en 4h avec mes maths spés...

Certains travaillaient sur un groupement de textes évoquant les avantages et les inconvénients respectifs de la pauvreté et de la richesse. Un texte de Bruck*ner, en particulier, évoquait le caractère humiliant de la pauvreté avec cette formule-choc, P*over*ty s*uck*s ! traduite un peu plus loin, de manière tout à fait appropriée, par l'expression française la p*auvre*té c*rain*t. 

Pendant le devoir, un étudiant vient me voir à mon bureau, en me demandant s'il n'y a pas une erreur de traduction dans le texte. Surprise, je regarde le texte incriminé - l'expression anglaise que je viens de citer -. Je confirme l'autotraduction de l'auteur. L'élève, dubitatif, me fait remarquer que ce n'est pas là le sens de to s*uc*k en anglais - la conversation prenait un caractère franchement scabreux... Dans ces moments-là, en vrai taureau astrologique, je fonce dans le tas. "Certes, ce verbe signifie s*uce*r, mais en argot, to s*uc*k peut signifier craindre". Et grâce aux heures passées dans mon enfance devant les dessins animés de Tex Avery, grâce aux heures passées encore dernièrement devant des séries américaines en V.O., j'ai pu décocher la flèche du Parthe - mais pas trop perfidement, car je les aime bien quand même...

et, plus particulièrement, a s*uck*er est un imbécile...

Tout ça pour dire que je comprends mieux, parfois, le désespoir de leur prof d'anglais. Et quand je vois qu'ils préparent les écoles militaires, je me dis que s'ils ne sont pas prêts pour l'Ecole de l'air, où le niveau d'anglais est crucial, ils seront parfaits pour Navale, parce qu'ils maîtrisent à la perfection l'art de ramer...

18 janvier 2010

Blue monday


Barbara - Le Mal De Vivre
envoyé par moriganne. - Regardez d'autres vidéos de musique.

 

 

Ce soir, à la radio, j'ai entendu pour la première fois du blue monday, qui correspond, selon de savants calculs & des équations compliquées, au pire jour de l'année. Comme je ne fais jamais rien comme tout le monde, à cause de mon rythme décalé de prof, j'ai eu plutôt un blue week-end, passé à méditer non de belles équations mais des sujets de dissertations pour le prochain devoir de mes spés, qui vont également me pourrir le we prochain (surveillance) et les suivants (correction). Ceci, non pour me plaindre, mais pour dire que j'ai éprouvé à un réel soulagement à entendre formaliser, au moins sur une journée, ce que je pense chaque année

January sucks ! 

Il n'y a pas de miracle, même dans le sud, en cette saison, il fait gris, voire il pleut à verse, ce qui vous confine à la maison (n'est-ce pas Farfa ?) à broyer des idées noires et des gâteaux sous vos mâchoires moroses, contribuant à renforcer vos bourrelets et votre mélancolie (les seuls à prospérer en cette saison, avec les navets... - les propres et les figurés).

Il y a quand même des exceptions : le blue monday a été en fait un magnifique sunny monday aujourd'hui à T***. L'air était doux, le ciel lumineux, la mer bleue & scintillante et les étudiants... avachis... (il y a quand même des invariants du mois de janvier...).

10 janvier 2010

2000 + 10, already...

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Quand je me mire trop dans mes souvenirs des dix dernières années, ça me donne le vertige...

Alors, pour fêter 2010, je vous offre des chèvres narcissiques...

Bises, K*.

15 décembre 2009

J'adhère...

11 novembre 2009

Deux ou trois choses que je regrette de ma vie parisienne

 

- mes amis, mes amours (mais pas mes emm***).

- les macarons Dallhermurélot, parce que ceux de Matyasi ne sont pas au niveau (mais pas les thés Mariages, parce qu'il y a un revendeur à T***)

- les chocolats de la Maison du Chocolat (mais je me soigne aux florentins)

- la vie sans voiture (et en particulier des transports en commun pratiques le soir)

- mon coiffeur

- Monop' (parce que je n'arrive pas à trouver à T*** le 1848 noir aux noisettes, éclats de caramel et de crêpes dentelle)

- le bikram yoga (parce qu'avec tout ce que je viens de citer, j'en ai bien besoin...)

- l'animation perpétuelle & la foule dans les rues

- le cinéma à deux pas

- la piscine à deux pas (mais l'été, j'aurai la mer...)

- mon petit appartement (même si j'adore le grand de T***) et mon quartier

- le nom de ma station de métro

- la rue Daguerre (et ses coquilles Saint-Jacques, en particulier)

- la Sultane de Saba (mais il y a des potentialités encore inexplorées ici)

- certaines boutiques de frivolités (des vêtements rue Daguerre, des parfums chez Diptyque)

- la traversée  sur les ponts de la Seine sous le soleil

- les brunchs

- les salons de thé cosy

- la rue Montorgueil

- les pique-nique sur les quais de Seine ou dans le jardin du Luxembourg

- la librairie La lettre écarlate et son libraire (et parfois, même, je regrette Gibert quand j'ai besoin de me procurer rapidement un livre).

- les balades sur l'île Saint-Louis

- les musées & les expos (parce qu'il faut bien faire mine d'être intéressée par la culture)

- la rue des Francs-Bourgeois

- la proximité des aéroports

- le sixième arrondissement (mais moins que le sud du quatorzième)

et sans doute mille autres choses que j'oublie maintenant ou dont je n'ai pas encore réalisé l'absence.

 

En revanche, je ne regrette pas

- la grisaille

- le RER & les temps de transport

- le prix des fruits & des légumes

- la foule à la piscine

- le prix des consommations

- les jours de grève des transports en commun

- l'humidité

- la misère côtoyant le luxe

- la Sorbonne

- la traversée les jours de vent et de pluie de l'esplanade de la BNF

- la mine renfrognée des gens le matin, en particulier dans le RER, et les odeurs de corps mal lavés

- les files d'attente

 

En attendant le message jumeau, ce que j'aime à T***, bonne journée fériée  !

 

 

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