tout le monde n'a pas la chance d'être asservi par "le plaisir de la connaissance"
... ni d'avoir à son tableau clinique des études de lettres classiques, des parents libraires, des amis éditeurs, des amis auteurs, une anthologie aux Belles Lettres en préparation...
et 6 exemplaires des élégies d'exil d'Ovide,
publiés entre 1793 et 2003.
Dorénavant, les écoliers apprendront en primaire l'histoire de l'art : ça sert pour ébaubir les mannequins devant les Pyramides. Ils n'apprendront plus au collège les langues anciennes : on n'en financera plus l'étude. Ils ne liront plus la Princesse de Clèves au lycée : l'esthétique du désir inassouvi et des frustrations délicieuses sera hors-la-loi dans l'empire du matérialisme. Si l'on ne pourra pas empêcher certains d'éprouver pareils sentiments, il sera interdit de les évoquer.
Et pourtant, j'ai séduit mes étudiants aujourd'hui en leur parlant des dates coquins sur les gradins du cirque et de la chasse à la jeune fille dans les théâtres de Rome. Ils ont ri aux éclats en découvrant Plaute, si "moderne".
On a la libido qu'on peut. Certaines aiment les grands auteurs, d'autres les petits menteurs. Il semblerait pourtant juste de laisser chacun libre de s'adonner à ses mauvais penchants.
Scilicet est cupidus studiorum quisque suorum
Tempus et adsueta ponere in arte iuuat.
"C’est que chacun désire s’adonner à sa passion et consacre avec plaisir son temps à son art familier".
Ovide, Pontiques, I, 5, 35-36.