manifestation
Comme le disait Madame V., éminente professeur de philosophie dans les classes préparatoires littéraires de la ville d'A***, "pour réfuter Kant, prenez Ricoeur".
En réponse donc à ma copine Célestine, avec laquelle je dialogue sur les sentiments que doivent m'inspirer mon emploi au collège.
"Le désir est cette espèce d'entreprise qui monte du corps au vouloir et qui fait que le vouloir serait faiblement efficace s'il n'était aiguillonné d'abord par la pointe du désir".
Ricoeur, Philosophie de la volonté.
Autrement dit, je peux vouloir, mon adhésion ne sera jamais profonde mais toujours médiate et rationnelle. Et je ne suis même plus sûre de vouloir faire l'effort de vouloir... De ce point de vue-là au moins, je perçois ma ressemblance avec les élèves...
Aujourd'hui, je suis allée pour la deuxième fois de ma vie manifester. Ca ne fait pas beaucoup pour une enseignante. J'y suis allée car je me sens plus que jamais concernée par l'acharnement contre l'école, même si je ne peux jamais me défaire d'un certain sentiment d'étrangeté. Quand bien même les gens qui nous gouvernent cessaient de nous compliquer la tâche, je me sentirais toujours aussi mal à l'aise, inutile, peu efficace et insatisfaite dans mon job. Alors, même quand le défilé dans les rues avec banderoles et pancartes est terminé, ma révolte, je continue à la manifester au téléphone, dans les conversations et sur mon blog. Que soient ici remerciés tous ceux qui m'écoutent avec une ineffable patience.
Célestine, pour illustrer ce post, je veux bien l'une de tes excellentes photos de la marche du jour, sous le doux soleil d'octobre...