Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kalliope muse ailleurs
18 janvier 2008

Message de saison

jeune_arbre(pour aller sur le site auquel a été reprise cette image, cliquez ici)

Kézako ? Un marronnier (certains d'entre vous l'auront sans doute reconnu sans que je le précise).

Vent de panique parmi les lecteurs : Kalliope nous réserverait-elle un cours de botanique ? Comment venir à bout de la plante la plus résistante en moins de 10 jours ? (parce qu'on m'en a lancé des défis du genre, "tu verras, celle-ci est increvable"...)

Non, j'ai décidé d'illustrer ce post d'un jeune marronnier parce que je voudrais vous parler d'un sujet de saison. L'an dernier, j'avais évoqué dans le blog nouveau-né des randogirls le programme détox, republié à la naissance de "Kalliope muse ailleurs". Cette année, foin de détox alimentaire, je me suis contentée d'aller dépenser mon argent dans les magasins. Mais je voudrais éclaircir ici un point bien précis annoncé dans mon profil :

pourquoi Kalliope déteste-t-elle le 31 ?

Je me suis dit que c'était l'année ou jamais : la plupart des amis à qui j'ai demandé ce qu'ils avaient fait le soir du 31 m'ont répondu par un grognement et/ou borborygme guttural "rien du tout". Je ne sais pas si c'est la trentaine, déjà responsable d'une forte vague de natalité, qui provoque aussi une sournoise allergie au 31 ; visiblement, cette année, vous êtes nombreux à avoir déclaré forfait.

Et vous aviez raison. 

Car bien souvent, on se borne à récriminer contre le 31 en affirmant "je déteste faire la fête à date imposée" mais il n'y a que la date qui soit imposée : la Saint-Sylvestre ne va pas sans un cortège d'obligations plus pénibles les unes que les autres.

Passe encore qu'il faille faire quelques efforts vestimentaires et porter des robes légères alors qu'en pleine léthargie hivernale, on passerait volontiers la soirée en doudoune/polaire/écharpe/grosses chaussettes, surtout quand ledit 31 - ô doux souvenirs de la jeunesse - est organisé dans le garage laborieusement concédé par des parents réticents.

Après la grosse pression du mois de décembre "tu le fais où, toi, le 31 ?", par peur de passer pour un asocial, vous vous êtes rabattu sur l'offre la moins pire, à 200 km de chez vous, dans une soirée où vous ne connaissez que vos hôtes. Parce que, lâchement, vous avez renoncé à organiser vous-mêmes la fête, épuisé d'avance à l'idée de vous coltiner la cuisine et le ménage ensuite. Après une certaine préparation physique et psychologique (vous reparcourez mentalement tous les sujets de conversation les plus fades et les plus impersonnels que vous gardez en réserve pour les inconnus), vous vous retrouvez devant la porte, retenant votre respiration et vous encourageant mentalement à la perspective de passer une bonne partie de la soirée à manger les trucs les plus riches possibles (dans tous les sens du terme) alors même que votre estomac se remet tout juste des agapes de Noël. Car pas de Nouvel An sans le saumon et le foie gras et les huîtres et le caviar et les coquilles Saint-Jacques et une volaille quelconque bien grasse et les marrons et la bûche de Noël et le vin adapté à chaque plat. Alors qu'un seul de chacun de ses mets suffirait à faire un repas. Si vous avez eu l'inconscience d'aller au restaurant ce soir-là, ce sera encore pire, car le repas sera gâché par l'atmosphère empesée et par la prescience du douloureux moment qui suivra, l'addition.

Le repas s'étire, mais vous ne vous en plaignez pas car au moins, manger, ça occupe et ça ménage des pauses dans la conversation. Parfois, même, cela fournit des sujets de conversation sur la meilleure façon de préparer les coquilles Saint Jacques, sur l'épineux problème de la cuisson du foie gras ou cela suscite de longs récits sur d'autres 31 mémorables. Car il est absolument impensable de quitter la soirée où vous vous ennuyez ferme au bout d'une heure avant au moins une heure... du matin (et même là, ça fait "je me couche avec les poules et j'ai fait déjà une grosse exception, j'en peux plus"). Vous êtes un "public captif".

A minuit moins 5, certains, déjà bien mis en joie par l'alcool, insistent pour allumer la télévision "pour avoir l'heure juste" : vision cauchemardesque fugitive de plumes et de cotillons autour de Patrick Sébastien ou assimilé. Présage de ce qui vous attend dans quelques secondes. Les cotillons sont distribués, ça y est, feu, c'est minuit, les couples se ruent l'un sur l'autre pour s'embrasser à pleine bouche et se murmurer à l'oreille des voeux qu'eux seuls connaissent. Les célibataires se souhaitent une bonne année avec plus de componction. Entre 20 et 30 ans, quand vous êtes célibataire, on vous souhaite toujours, avec un clin d'oeil appuyé, de rencontrer l'homme de votre vie. Parfois, de désespoir, vous avez fait semblant de rencontrer l'homme de votre vie durant la soirée, histoire de ne pas finir/commencer l'année célibataire. Après 30 ans, on n'ose plus vous le souhaiter explicitement (du moins, j'imagine), alors on vous promet mystérieusement, et toujours avec un clin d'oeil appuyé, "tout le bonheur possible".

Le plus angoissant, c'est de voir que tous les ans, on vous souhaite la même chose, prouvant par là que d'année en année - car aucune date n'est plus propice à l'effrayante épreuve du bilan que le 31 ou votre anniversaire -, vous n'évoluez pas, ou très peu. Vous avez beau prendre les meilleures résolutions du monde, un an plus tard, vous contemplez toujours les mêmes échecs, les mêmes mauvaises habitudes, la même paresse, les "terrifiants pépins de la réalité".

Ne reste plus qu'à boire pour oublier et pour oser vous trémousser de concert sur la musique qui arrive ensuite, afin d'essayer de brûler les calories accumulées et de favoriser la digestion.

Chaque année, en vous réveillant avec la gueule de bois et la déprime du 1er Janvier, vous prenez la bonne résolution de passer le prochain réveillon seul chez vous avec une soupe Liebig devant un DVD : vous marquerez le coup en vous couchant avant minuit pour l'unique fois de l'année et vous vous réveillerez tranquillement l'année d'après, sans avoir vécu le douloureux instant du passage.

C'est sans doute ce qui m'arrivera l'année prochaine car qui voudra encore m'inviter ? Je précise donc que toute ressemblance entre ce post et certains événements réels serait purement fortuite et involontaire. Tout est sorti de mon imaginaire et personnellement, je n'ai jamais passé que de merveilleux 31 (juste pour information, je promets que je n'ai pas pris la bonne résolution de vivre sans plus aucun ami cette année).

PS : la prochaine fois, Kalliope l'aKariâtre vous expliquera pourquoi elle déteste la Saint-Valentin.

Publicité
Publicité
Commentaires
I
"mis au pieu", bien sur, et non pas au pied, aucun lapsus salace derrière tout ça on a juste dormi ^^
I
HAHAHHAHAHAHA !<br /> BIn si tu veux l'an prochain le 31 tu le passes avec moi ! Jaime pas trop le délire des fêtes non plus, ou alors, comme par hasard, mes amis avec qui je le passerais bien font toujours des fêtes dans des maisons superbes, certes, mais à l'autre bout de la France et inaccessibles sans voiture (oui, moi, je n'ai toujours pas le permis)...<br /> Cette année, je l'ai passé en duo avec ma meilleure amie... On a même pas eu l'energie de se faire un restau, alors on a juste fait des crêpes, un sort à une bouteille de cidre, et comble de la geekerie anti-StSylvestre, on a même osé passer des heures à mater des clips et des vidéos youtube, et on s'est mis au pied juste après minuit. <br /> <br /> Trop des rebelles...
C
Kalliope l'aKariâtre?<br /> Plutôt pas mal trouvée celle-là!<br /> Je me retrouve si bien dans ton post que je ne reste Koate.
Kalliope muse ailleurs
Publicité
Kalliope muse ailleurs
Albums Photos
Archives
Publicité