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Kalliope muse ailleurs
8 juillet 2007

Sortir du placard mais pas de la bibliothèque...

IMG_0003 source : Sempé, Quelques philosophes (une mine !).

   La sortie de l'ouvrage provocateur, mais stimulant, Comment bien parler des livres qu'on n'a pas lus ? a rendu in le coming-out littéraire.

   Dans le chapitre "Ne pas avoir honte", P. Bayard rappelle un épisode de Changement de décor de D. Lodge que j'avais complètement oublié (ce qui va tout à fait dans le sens de la démonstration de l'essai). Philip Swallow le héros anti-héros récurrent de Lodge initie ses nouveaux collègues américains au "jeu de l'humiliation". Aude-Marie a dernièrement essayé de nous en réexpliquer la règle mais c'était très compliqué et ça n'a pas bien marché. Le concept, pour simplifier, est le suivant : il s'agit de dévoiler les classiques hyper classiques que tout le monde est censé avoir lus... et qu'on n'a pas lus... Alors, je me suis dit, l'été, c'est la période des "jeux de l'humiliation" télévisuelles, où chacun révèle ses petites hontes, ses failles, sa vie privée, ses névroses les plus secrètes  (Secret Story, Koh-Lanta, l'Ile de la tentation and co), alors pourquoi ne pas faire la même chose en élévant un tout petit peu le niveau ?

Alors, voici ceux que je n'ai pas lus (et que, pour la plupart, je n'ai pas l'intention de lire)  :

M. de Montaigne, Les Essais (et pourtant, je suis persuadée que c'est génial !).

B. Pascal, Les Pensées.

D. Diderot, Jacques le Fataliste (du moins, j'ai essayé au moins 5 fois mais jamais dépassé les dix premières pages).

J.-J. Rousseau, Les Confessions (même si j'ai été contrainte d'en étudier des extraits avec mes élèves en cours particuliers).

V. Hugo, Les Misérables, Les châtiments, Les contemplations, Le dernier jour d'un condamné, Ruy Blas...

A. Dumas, Les trois mousquetaires, Le comte de Monte-Cristo.

E. Zola, Germinal, Nana, Au bonheur des dames, L'assommoir, La curée, La bête humaine...

M. Proust, Le côté de Guermantes, La Prisonnière, Le temps retrouvé.

A. Camus, La peste.

S. Beckett, En attendant Godot.

E. Ionesco, Rhinocéros.

M. Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique.

N. Sarraute, Enfance.

et bien d'autres que j'oublie...

   Pendant que j'y suis, j'avoue également que je n'ai jamais fini Les mémoires d'Outre-Tombe, que j'ai cru mourir d'ennui en lisant La faute de l'abbé Mouret (qu'il faute, mais qu'il faute, bon sang ! et ses énormes ficelles : le Paradou pour le paradis !), que je n'en peux plus de réexpliquer le chapitre 3 de Candide et que je déteste ce benêt bavard. J'ajoute aussi que je comprends Manon Lescaut qui tente sans arrêt de fuir le Chevalier des Grieux, le héros le plus ridicule de la littérature française (toutes les 3 pages, il s'asseoit sur une chaise et se met à pleurer "des ruisseaux de larmes"). Je reconnais aussi que je ne ris jamais en lisant Molière.

   Mais je voue une passion démesurée à La Princesse de Clèves  et recommande à tous de profiter de l'été pour lire et relire Le Rouge et le Noir ou Madame Bovary et pour découvrir les oeuvres moins connues de Balzac comme Une fille d'Eve, La rabouilleuse, Modeste Mignon, Beatrix ou le bien-nommé Chef d'oeuvre inconnu. Allez lire aussi les oeuvres tardives de Maupassant comme Fort comme la mort ou Notre coeur. Si la poésie vous tente, plongez-vous dans les merveilleux poètes du vingtième, les compliqués, comme Saint John Perse, Exils ou son tout petit recueil Oiseaux de Braque, ou les tout simples comme J. Supervielle, La fable du monde et C. Roy, Poésies.

   J'attends vos impressions, critiques, remontrances, révélations et recommandations,

                                                                      K*.

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Commentaires
K
Pour les quelques mois qui viennent, mon programme de lecture est bien chargé par la thèse, mais je note la référence pour la suite. Le blog est magnifique : la Princesse de Clèves résiste au temps et ne fera qu'une bouchée des nabots à talonnettes.
I
Bonjour,<br /> Votre propos sur "la Princesse de clèves" m'a interpellée car c'est d'abord pour des "réfractaires" ( comme ma fille)ou des convaincus comme vous que j'ai écris l'an dernier un petit livre qui pourrait être une introduction à cette lecture et faire voir autrement (que de manière scolaire) le roman de Mme de La Fayette. Je vous envoie l'adresse de mon blog. Vous y aurez les références :http://princessedecleves.blogspot.com/ Bonne lecture et bon été.<br /> Isabelle Rambaud
A
Je vais pas faire de liste de toutes les OEuvres-qu'il-faut-avoir-lues et que je n'ai pas ouvertes ou qui me sont rapidement tombées des mains, ce serait un peu long... Mais si contrairement à toi K je ris de bon coeur en lisant Molière, je ricane aussi beaucoup devant cette chiffe molle de Des Grieux !
S
Je partage certains trous avec toi : Les Essais [et pourquoi nous, nous ne pouvons pas utiliser les italiques ?!!], Les Pensées, Les Confessions, tout Rousseau, d'ailleurs.<br /> J'exècre Stendhal : Le Rouge et le Noir m'est tombé deux fois des mains, au même moment : maudite Mathilde ! Et je n'ai lu La Chartreuse de Parme qu'à la suite d'un pari-défi.<br /> J'avoue aussi avoir lu Madame Bovary et L'Education sentimentale par "obligation" sans y prendre vraiment goût, alors que j'avais tant aimé Salambô.<br /> <br /> Dans les livres-qu'il-faut-avoir-lu, il me manque aussi tout Rabelais, La Condition humaine (mais j'ai dévoré L'Espoir), Les Mémoires de Saint-Simon, Les Mémoires d'Outre-tombe, Les Mémoires d'Hadrien (mais Ana soror, ohhhhh !)<br /> J'ai connaissance des Lettres Persanes par le petit bout de la lorgnette puisque je n'ai lu que les lettres concernant l'histoire de Roxane et d'Usbek, et j'avoue avoir fait le même "tri" dans les Liaisons dangereuses...<br /> <br /> Et en poésie, c'est le "trou noir" autour de Rimbaud et de Nerval (et je ne parle pas de la poésie XXe...)<br /> <br /> En revanche, tout Zola à l'adolescence comme Pénélope (mais beaucoup moins de Balzac que toi !), et toute La Recherche l'été de mes 26 ans, vérifiant ainsi que ma prof de philo de Terminale avait dit vrai : "il y a un âge pour lire Proust. Tentez de le commencer chaque été, un jour vous serez capable de le lire d'une traite, sans le lâcher, comme un polard". si si !<br /> <br /> Voilà pour les "sommes" ! Je ne suis pas sûre que je comblerai ces trous un jour, il reste tant de lectures buissonnières à faire, de chemins de traverse à parcourir : tant pis pour les "autoroutes" des classiques !<br /> <br /> Sophie qui va piller les librairies cet après-midi, dûment munie de listes glanées ici et là... Le choix va être difficile...
P
c'est amusant de scruter les émotions ressenties en lisant ce post de Kalliope. un truc très particulier à vrai dire : se dire "oui, ça fait un bout de temps que je veut lire çà absolument" et ressentir une motivation surprenante (les Essais), et d'autres dont j'ose avouer "Bon sang, j'y ai échappé, j'ai eu chaud" (Zola, c'est un peu synonyme de l'horreur absolue), mais d'autres enfin qui ont été un plaisir d'une redoutable précision dans ma mémoire : une boussole à certains moments (le chapitre des Trois mousquetaires, lors de la prise de la citadelle, au siège de La Rochelle : en cas de baisse de moral il n'y a rien de mieux), un univers qui porte (Les mémoires d'outre-tombe : j'ai loupé ma gare en les lisant...), mais surtout les misérables et le rouge et le noir. et puis Beckett, aussi.<br /> en revanche, Jacques le fataliste ne me laisse pas un grand souvenir, ni d'une difficulté atroce ni d'un moment exceptionnel (je pense que la religieuse est plus terrible).<br /> il manque un petit Yourcenar à cette belle collection pour la perfection de la langue.
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