Sortir du placard mais pas de la bibliothèque...
source : Sempé, Quelques philosophes (une mine !).
La sortie de l'ouvrage provocateur, mais stimulant, Comment bien parler des livres qu'on n'a pas lus ? a rendu in le coming-out littéraire.
Dans le chapitre "Ne pas avoir honte", P. Bayard rappelle un épisode de Changement de décor de D. Lodge que j'avais complètement oublié (ce qui va tout à fait dans le sens de la démonstration de l'essai). Philip Swallow le héros anti-héros récurrent de Lodge initie ses nouveaux collègues américains au "jeu de l'humiliation". Aude-Marie a dernièrement essayé de nous en réexpliquer la règle mais c'était très compliqué et ça n'a pas bien marché. Le concept, pour simplifier, est le suivant : il s'agit de dévoiler les classiques hyper classiques que tout le monde est censé avoir lus... et qu'on n'a pas lus... Alors, je me suis dit, l'été, c'est la période des "jeux de l'humiliation" télévisuelles, où chacun révèle ses petites hontes, ses failles, sa vie privée, ses névroses les plus secrètes (Secret Story, Koh-Lanta, l'Ile de la tentation and co), alors pourquoi ne pas faire la même chose en élévant un tout petit peu le niveau ?
Alors, voici ceux que je n'ai pas lus (et que, pour la plupart, je n'ai pas l'intention de lire) :
M. de Montaigne, Les Essais (et pourtant, je suis persuadée que c'est génial !).
B. Pascal, Les Pensées.
D. Diderot, Jacques le Fataliste (du moins, j'ai essayé au moins 5 fois mais jamais dépassé les dix premières pages).
J.-J. Rousseau, Les Confessions (même si j'ai été contrainte d'en étudier des extraits avec mes élèves en cours particuliers).
V. Hugo, Les Misérables, Les châtiments, Les contemplations, Le dernier jour d'un condamné, Ruy Blas...
A. Dumas, Les trois mousquetaires, Le comte de Monte-Cristo.
E. Zola, Germinal, Nana, Au bonheur des dames, L'assommoir, La curée, La bête humaine...
M. Proust, Le côté de Guermantes, La Prisonnière, Le temps retrouvé.
A. Camus, La peste.
S. Beckett, En attendant Godot.
E. Ionesco, Rhinocéros.
M. Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique.
N. Sarraute, Enfance.
et bien d'autres que j'oublie...
Pendant que j'y suis, j'avoue également que je n'ai jamais fini Les mémoires d'Outre-Tombe, que j'ai cru mourir d'ennui en lisant La faute de l'abbé Mouret (qu'il faute, mais qu'il faute, bon sang ! et ses énormes ficelles : le Paradou pour le paradis !), que je n'en peux plus de réexpliquer le chapitre 3 de Candide et que je déteste ce benêt bavard. J'ajoute aussi que je comprends Manon Lescaut qui tente sans arrêt de fuir le Chevalier des Grieux, le héros le plus ridicule de la littérature française (toutes les 3 pages, il s'asseoit sur une chaise et se met à pleurer "des ruisseaux de larmes"). Je reconnais aussi que je ne ris jamais en lisant Molière.
Mais je voue une passion démesurée à La Princesse de Clèves et recommande à tous de profiter de l'été pour lire et relire Le Rouge et le Noir ou Madame Bovary et pour découvrir les oeuvres moins connues de Balzac comme Une fille d'Eve, La rabouilleuse, Modeste Mignon, Beatrix ou le bien-nommé Chef d'oeuvre inconnu. Allez lire aussi les oeuvres tardives de Maupassant comme Fort comme la mort ou Notre coeur. Si la poésie vous tente, plongez-vous dans les merveilleux poètes du vingtième, les compliqués, comme Saint John Perse, Exils ou son tout petit recueil Oiseaux de Braque, ou les tout simples comme J. Supervielle, La fable du monde et C. Roy, Poésies.
J'attends vos impressions, critiques, remontrances, révélations et recommandations,
K*.